Soyez simples ... pour plus de liberté !

Simplifiez, simplifiez, simplifiez ! ...

De ma propre expérience, je me suis rendue compte que simplifier sa vie, c'était aller au delà de changements extérieurs ... c'est avant tout simplifier sa relation aux autres, simplifier ses propos, simplifier sa pensée ... Faire les choses, comme elle se présentent ... dans la spontanéité de l'instant, avec la justesse de son cœur ...

Je souhaite partager avec vous ce texte de Krishnamurti, qui nous invite à être ... tout simplement.

 

Cécile.

 

 

LA PREMIÈRE ET DERNIÈRE LIBERTÉ - Jiddu KRISHNAMURTI

Chapitre 10 - Sur la vraie simplicité

 

Je voudrais examiner ce qu’est la simplicité et peut-être de là arriver à la découverte de la sensibilité. Nous avons l’air de croire que la simplicité n’est qu’une expression extérieure, un retrait du monde: avoir peu de possessions, se vêtir d’un pagne, n’avoir pas de foyer, ne posséder qu’un très petit compte en banque. Mais tout cela n’est pas de la simplicité, ce n’est qu’une représentation publique. Il me semble que la simplicité est essentielle, mais elle ne peut exister que lorsque nous commençons à comprendre le sens de la connaissance de soi.

La simplicité ne consiste pas à s’adapter à telle ou telle façon de vivre, quelque valable qu’elle puisse être ; elle exige au contraire beaucoup d’intelligence. Malheureusement nous commençons en général par la simplicité extérieure, se rapportant à des objets. Il est relativement facile d’avoir peu de possessions et de s’en satisfaire ; d’être content de peu et même de partager ce peu. Mais cette expression extérieure de la simplicité ne s’accompagne pas nécessairement d’une simplicité intérieure. Le monde moderne nous offre avec beaucoup d’insistance des objets de plus en plus nombreux ; la vie devient de plus en plus complexe. (...)

 

La simplicité fondamentale, réelle, ne peut naître que de l’intérieur ; et de là se produit l’expression extérieure. Comment être simple est donc le problème ; car la simplicité nous rend de plus en plus sensibles. Un esprit sensitif (un cœur sensitif) est essentiel, car il est alors susceptible de perception rapide.

Il est évident que l’on ne peut être simple intérieurement que par la perception des innombrables fardeaux, attachements et craintes dans lesquels nous sommes empêtrés.

 

Mais la plupart d’entre nous éprouvent de la satisfaction à être prisonniers de gens, de possessions, d’idées. Nous aimons être des prisonniers. Intérieurement, nous « sommes » des prisonniers, même si nous paraissons simples extérieurement. Nous sommes les prisonniers de nos désirs, de nos besoins, de nos idéologies, de nos innombrables mobiles. La simplicité ne peut être trouvée qu’en nous libérant intérieurement.

Il se produit une extraordinaire liberté lorsque comprend tout le processus de la croyance, et pourquoi l’esprit est attaché à ses croyances. La simplicité est le fruit de notre affranchissement. Mais cette simplicité exige de l’intelligence et être intelligent c’est être conscient de ses entraves. Pour en être conscient l’on doit être constamment en état d’observation, ne pas être établi dans une façon particulière de vivre, de penser, d’agir. (...)

 

Nous conformer à telle ou telle façon de vivre, en vue d’atteindre la simplicité c’est, en réalité, émousser, insensibiliser nos esprits et nos coeurs. Toute forme de contrainte, qu’elle soit imposée par la société ou par nous- mêmes ou par un idéal quelconque, toute conformité adoptée, nous insensibilisent, nous empêchent d’être simples intérieurement. Vous pouvez vous conformer à certains signes extérieurs de simplicité, ainsi que le font tant de personnes dévotes. Elles se livrent à des disciplines, adhèrent à des groupements, méditent d’une façon spéciale et donnent toute l’apparence de la simplicité. Mais aucune contrainte d’aucune sorte ne nous conduit à la simplicité. Au contraire, plus vous vous dominez, plus vous provoquez de transferts et de sublimations, moins il y a de simplicité. Mais plus vous comprenez ce processus de sublimation, de refoulements et de transferts, plus vous avez de chances d’être simple.

(...)

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Si l’on n’est pas simple on ne peut pas être sensitif, sensible aux arbres, aux oiseaux, aux montagnes, au vent, à tout ce qui se meut autour de nous dans le monde ; si l’on n’est pas simple on ne peut pas être sensible aux signes intérieurs des choses.

 

Nous vivons si superficiellement, aux niveaux extérieurs de notre conscience ! Là, nous essayons d’être réfléchis ou intelligents, ce qui pour nous est synonyme de religieux ; nous essayons de rendre nos esprits simples par la contrainte et la discipline.

Mais la simplicité n’est pas cela. Lorsque nous contraignons à la simplicité cette partie de notre esprit qui est à fleur de conscience, nous ne faisons que le durcir, nous ne le rendons pas souple, clair, vif. Être simple dans le processus total de notre conscience est extrêmement ardu ; car nous ne devons laisser subsister aucune réserve intérieure, nous devons donc être mus par une impulsion irrésistible à connaître jusqu’au tréfonds le processus de notre être, ce qui veut dire être éveillés à chaque appel intérieur, à chaque murmure, à nos craintes, à nos espoirs et y pénétrer et en être libres, de plus en plus, de plus en plus. Ce n’est qu’alors, – lorsque l’esprit et le coeur sont réellement simples, non cristallisés – que nous pouvons résoudre les nombreux problèmes qui se dressent devant nous.

Les connaissances ne résoudront pas nos problèmes. Il se peut, par exemple, que vous sachiez que la réincarnation existe, qu’il y a une continuité après la mort. Il se « pourrait » que vous le sachiez ; je ne dis pas que vous le savez ; ou peut-être en êtes vous convaincus. Mais cela ne résout pas le problème. La mort ne peut pas être classée à la suite de vos explications, de vos informations, ou de vos convictions. Elle est bien plus mystérieuse, plus profonde, plus créatrice que cela.

L’on doit être capable de réexaminer toutes ces choses avec un esprit neuf, car ce n’est que par expérience directe que nos problèmes seront résolus. Et l’expérience directe ne se produit que s’il y a simplicité, donc sensibilité. Le poids des connaissances émousse l’esprit. Le passé et le futur émoussent l’esprit. Seul l’esprit capable de s’ajuster au présent continuellement, d’instant en instant, peut affronter les puissantes influences et les pressions que notre milieu exerce constamment sur nous.

 

Ainsi, l’homme religieux n’est pas, en vérité, celui qui se revêt d’un froc ou d’un pagne, qui ne fait qu’un repas par jour ou qui a prononcé d’innombrables voeux pour être ceci ou pour ne pas être cela, mais c’est celui qui est intérieurement simple, qui n’est pas en train de « devenir » quelque chose. Un tel esprit est extraordinairement réceptif parce qu’il n’y a plus de barrières, plus de peur en lui, il n’y a plus d’acheminement vers quelque chose ; il est par conséquent capable de recevoir la Grâce, Dieu, la Vérité, nommez cela à votre guise. Mais l’esprit qui « poursuit » le réel n’est pas un esprit simple. Celui qui cherche, qui est à la recherche, qui tâtonne, qui s’agite, n’est pas un esprit simple. Celui qui se conforme à un modèle établi par une autorité extérieure ou intérieure ne peut pas être sensitif. Et ce n’est que lorsqu’un esprit est réellement vif, conscient de tout ce qui se passe en lui, de ses réactions, de ses pensées, lorsqu’il n’est plus dans un devenir, lorsqu’il n’agit pas sur lui-même afin d’ « être quelque chose », qu’il est capable de recevoir ce qui est la vérité.

Alors le bonheur peut exister car le bonheur n’est pas une fin: c’est le résultat de la réalité. Lorsque nos esprits et nos coeurs seront devenus simples, donc sensitifs – sans contrainte et sans aucune indication de direction – nous verrons que nos problèmes pourront être abordés très simplement, d’une façon directe et neuve, quelle que soit leur complexité. C’est ce dont le monde a besoin aujourd’hui: il a besoin d’hommes neufs capables d’aborder cette confusion, ce chaos, d’une façon directe et créatrice, non avec des théories et des formules, de gauche ou de droite. 

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